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Programme - Program

Prochain Colloque de l'AISR:
« L’avenir de l’œcuménisme »
Journée d’études, Bologne, mercredi 6 mars 2019
dans le cadre de la rencontre de l’EuARe 2019 (lundi 4 - jeudi 7 mars)
 
L’Académie internationale des sciences religieuses tiendra sa prochaine rencontre en mars 2019 à Bologne sur le thème de l’avenir de l’œcuménisme.
Le Conseil académique a choisi ce thème parce qu’il correspond bien à l’identité de notre Académie. Dès sa fondation, elle a rassemblé paritairement catholiques, orthodoxes et protestants ; de ce fait, elle pourrait contribuer à promouvoir une conception plus dynamique des dialogues actuellement en cours.
 
Brève analyse de la situation œcuménique actuelle (rédaction : Hervé Legrand)
  • - Les dialogues doctrinaux menés bilatéralement ont obtenu de réels succès
La Déclaration commune sur la justification est un exemple du succès des dialogues : cette Déclaration, signée entre l’Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale, a été avalisée successivement par le Conseil méthodiste mondial, par la Communion mondiale des Églises réformées, et récemment par l’Église d’Angleterre (Church of England) ainsi que par le Conseil consultatif anglican, pour toute la Communion anglicane. Plus encore : le modèle du consensus différencié, mis en œuvre dans cette Déclaration, a obtenu un large droit de cité : compte tenu des adhérences linguistiques et contextuelles des énoncés dogmatiques, cette méthode se révèle très positive pour l’avenir de l’œcuménisme, car elle a également fait ses preuves dans le dialogue christologique entre l’Église orthodoxe et les Églises orientales anciennes.
  • - Malgré des succès importants, les dialogues doctrinaux connaissent plusieurs limites qui les menacent de stagnation.
Même avec des résultats positifs, bien des dialogues doctrinaux sont restés sans grands effets. On ne saurait certes attendre de dialogues doctrinaux qu’ils rétablissent la communion, mais ils devraient conduire les Églises concernées à corriger, chez elles, les positions qui y font obstacle, quand le dialogue a montré qu’elles étaient réformables. L’absence de « Receptive Ecumenism » (P.D. Murray) est le problème majeur.
  • - L’avenir des dialogues doctrinaux devient-il préoccupant ?
Alors même que les accords doctrinaux ne créent guère de dynamisme, les questions doctrinales n’ont plus le caractère aigu de naguère et ce sont désormais les divergences dans le domaine moral (par exemple au sujet de la sexualité et de la bioéthique) qui sont sources de conflits. L’absence même de consensus sur le type d’unité à atteindre constitue une autre source fragilité, si bien que la multiplication des dialogues et de leurs thèmes risque d’entretenir une « conversation sans fin ». Déjà vrai au registre bilatéral, ce l’est encore plus au registre du dialogue multilatéral.
  • - Le dialogue multilatéral s’est considérablement pluralisé
Pendant des années, le COE a stimulé les dialogues multilatéraux, obtenant d’importants résultats dans le cadre de Foi et Constitution. L’adoption du BEM l’a montré de façon exemplaire, il y a 35 ans. Mais depuis lors, jusqu’au document « L’Église vers une vision commune »(2013), comparable au BEM, les activités de ce département ont trouvé moins d’écho, le COE se mobilisant prioritairement dans le champ sociétal, perdant peut-être ainsi un ferme appui des Églises orthodoxes et ne pouvant rallier les évangéliques en pleine expansion (au moins 600 millions répartis surtout dans le sud de la planète).
Sur ce dernier point, le Forum chrétien mondial, proposé par le COE, a réuni l’Alliance évangélique mondiale et l’Association pentecôtiste mondiale, ce qui élargit considérablement le dialogue multilatéral, ce dont le Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens a pris acte en le rejoignant. Cela amènera-t-il les évangéliques à approfondir leurs préoccupations doctrinales ou cela fera-t-il que les Églises classiques accorderont moins d’importance à ces questions, car déjà elles constatent l’effritement des frontières confessionnelles dans un Occident dont la sécularisation continue ? Cette évolution de la culture mérite l’attention des œcuménistes.
  • - Quelles figures l’unité des chrétiens peut-elle prendre dans les sociétés occidentales sécularisées et « liquides » ?
La sécularisation croissante de l’Occident a un double effet : elle affaiblit la pertinence des identités confessionnelles dans des sociétés « liquides » [Cf. Z. Bauman] et, en même temps, elle renforce la quête d’identité chrétienne (cf. par ex. Rod Dreher, The Benedict Option. A Strategy for Christians in a post-christian Nation, NY, 2017, succès de librairie aux USA).
Le panorama qui précède laisse entendre que le dialogue œcuménique risque de stagner. On a suggéré plusieurs raisons à cette situation : la pluralisation considérable des partenaires, l’absence de consensus sur un but commun, la prédominance désormais des questions éthiques sur les questions doctrinales et surtout le manque de mise en œuvre par les Églises elles-mêmes des convergences, voire des Accords auxquels elles arrivent, au point que d’aucuns considèrent que le consensus différencié pourrait renforcer le statu quo.
Si le diagnostic ainsi avancé a quelque justesse, une voie d’avenir devrait se dessiner. Pour que l’œcuménisme retrouve un véritable dynamisme ne faudrait-il pas mettre, de façon décidée, l’accent sur le fait que le véritable œcuménisme est celui que l’on pratique à la maison (« Homework ») ? Évaluer les doctrines et les structures ministérielles, de façon bilatérale ou multilatérale, devrait toujours avoir pour but de viser à plus de vérité certes, mais accompagnée des réformes requises.
Le prochain colloque voudrait donc redonner du dynamisme à la pratique de la réception. Non comme thème historique ou canonique, mais sous une forme très concrète, consistant à demander à des théologiens de chacune des grandes traditions : qu’est-ce que mon Église peut et doit donc changer (réformer) dès maintenant, à la lumière des convergences procédant des dialogues ? Et que pourrions-nous déjà faire ensemble et que nous ne faisons pas ?
 
Programme de la journée:
 
Introduction générale : intervenant à préciser.
Par ailleurs, un texte du Prof. Paul D. Murray [Durham] sur le Receptive Ecumenism dans le monde anglo-saxon, est envoyé aux participants, dans ses versions anglaise et allemande.
Deux prises de parole confessionnelles (éventuellement dans un ordre différent), avec toujours la même question de l’œcuménisme comme « Homework ».
 
Orthodoxes
 Le Prof. Stavros Yangazoglou (Athènes), membre de l’Académie.
Le Prof. Vladimir Khoulap (Académie théologique de Saint Pétersbourg).
 
Protestants
Prof. Pierre Gisel (Université de Lausanne), vice-président de l’Académie.
Prof. Hans-Christoph Askani (Université de Genève).
 
Catholiques
Dr. Hyacinthe Destivelle (Conseil Pontifical pour l’unité des chrétiens ; Université Thomas d’Aquin, Rome), membre de l’Académie.
Prof. Hervé Legrand (Institut Catholique de Paris), vice-président de l’Académie.
 
Le contexte social de l’unité chrétienne
Prof. Arnaud Join-Lambert (Université de Louvain), membre de l’Académie
Dr. Philippe Gonzalez (MER à l’Université de Lausanne).
 
Conclusion générale
Prof. Annemarie Mayer (Katholieke Universiteit Leuven, KUL).
 
 
 

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